Est une importante confrérie présente particulièrement au Sénégal et en Gambie. Fondée au début du XXe siècle par le cheikh Ahmadou Bamba, les Mourides forment aujourd'hui la confrérie la plus influente du Sénégal, sinon d'Afrique de l'Ouest et jouent un rôle économique et politique important.
La tradition mouride (ou mouridisme) est grandement marquée par la culture africaine et plus précisément wolof. L'importance donnée au travail par le mouridisme a permis à la confrérie de bien s'implanter économiquement en Afrique et également de bénéficier d'une large représentation dans les principales agglomérations en Europe et aux États-Unis. Aujourd'hui, presque chacune des grandes villes du Nord où s'est déployée l'immigration sénégalaise possède un Keur Serigne Touba (« la demeure du Maître de Touba »). C'est un siège pour la communauté qui accueille réunions et prières tout en servant aussi de résidence provisoire pour de nouveaux arrivants. Ils effectuent un pèlerinage annuel dans la ville sainte de Touba, au centre du Sénégal. Le Magal est une fête qui coïncide chaque année avec la célébration du départ en exil, en 1895, de cheikh Ahmadou Bamba du fait de l'autorité coloniale.
Étymologie
Le terme mouride dériverait du verbe Irâda, puis de murīd qui signifie « vouloir », « aspirer à », sous entendu à la quête de l'agrément de Dieu.
Théologie et organisation interne
Le mouridisme a été fondé par Cheikh Ahmadou Bamba (1853-1927), un mystique apparu au Sénégal dans un contexte où la colonisation avait grandement perturbé l’équilibre social. Pour réformer la société sénégalaise, cheikh Ahmadou Bamba prôna l'orthodoxie envers les enseignements du Coran et de la tradition du prophète Mahomet, l'attachement aux préceptes du soufisme et la valorisation de la science et du travail.
Cette affirmation repose sur un hadith qui impliquerait que Dieu envoie un revificateur de l'orthodoxie musulmane censé être l'héritier spirituel du prophète (qotb ou « pôle de sainteté ») tous les cent ans. Bamba serait donc de ces élus...
La théologie des mourides est influencée par celle des confréries Qadiriyya et Tidjane mais aussi de l'œuvre de Al-Ghazali, largement cité par Bamba. Certains musulmans « orthodoxes » considèrent la dévotion extrême à Ahmadou Bamba et à sa lignée de successeurs comme une forme d'idolâtrie.
Les Mourides, disciples du marabout Ahmadou Bamba, assimilent à l'islam des traditions du peuple wolof. C'est ainsi qu'ils sanctifient le travail et poussent très loin les notions d'entraide et de solidarité. Chaque année, de nombreux mourides se rendent en visite pieuse dans leur ville sainte de Touba, au centre du Sénégal. Environ un million d'entre eux ont effectué cette visite en février 2008.
Selon Emmanuel Brisson, la confrérie est « organisée selon une structure décrite par certains comme féodale, elle est fondée sur l’obéissance totale à une autorité spirituelle, le Khalife général, descendant en ligne directe du fondateur ». Confronté à l'administration coloniale que sa popularité grandissante commençait à inquiéter, Ahmadou Bamba fut successivement déporté au Gabon (Afrique équatoriale) de 1895 à 1902, en Mauritanie de 1902 à 1907, puis retenu en résidence surveillée au Sénégal jusqu'à sa disparition en 1927.
Cheikh Ahmadou Bamba
Ahmed ben Mohammed ben Abibou-Lahi ben Mohammed Al-Khayri ben Abibou-Lahi Al-Awal ben Mohammed Al-Kabir est né à Mbacké Baol en 1852. Village situé à 40 km environ à l'est de Diourbel.
Ses ancêtres du côté paternel descendirent d'une famille chérifienne du Sahara (connue sous le nom de Alou Nalla) d'où ils émigrèrent pour venir s'installer d'abord au Fouta, puis au Djoloff et ensuite au Baol, où son arrière grand père Mohammed Al Khayri, surnommé Maharame, fonda le village de Mbacké Baol vers l'an 1194 de l'hégire, 1789 de l'ère chrétienne. Le Damel Teigne Amary Ngoné FALL lui avait octroyé un grand fief dans la contrée de Laa.
Quant à sa mère, elle s'appelait Diaratou Lâhi Mariama, fille de Mohammed ben Mohammed ben Alioune BOUSSO. Sa lignée maternelle remonte à Assane ben Ali ben Aby Talibe. Comme vous le voyez, le Cheikh est donc, chérif de père et de mère.
Le Saint a passé sa toute première jeunesse sous le giron de son père. A l'âge de scolarisation, le père l'a confié à son oncle Mohammed BOUSSO, frère germain de sa mère Diarra BOUSSO. Quelques temps après, ce dernier à son tour, l'a mis sous la surveillance de son grand-père maternel, Tafsir Mbacké Ndoumbé, frère germain de la grand mère du Cheikh, Aïchatou Walo Mbacké. Après la mort du nouveau précepteur, Khadime retourna chez son père qui était alors un éminent professeur d'arabe, pour continuer ses études coraniques avec une assiduité et un dévouement légendaire et ne tarda pas de savoir réciter le tout par coeur, alors qu'il n'avait pas encore dix (10) ans.
En 1862, son père Momar Anta Sally émigra au Saloum et emmena avec lui le jeune Bamba et sa mère Diarra BOUSSO qui y décéda en 1863 et fut entérée au villa de Prokhane.
En 1867, après la mort de Maba Diakhou, le père retourna au Cayor en compagnie de Lat-Dior. Le jeune Ahmed, lui, resta au Saloum avec son oncle Samba Toucouleur KA, cousin de son père, pour apprendre le droit isalmique. Quelques temps après, il rejoignit son père à Patar pour continuer auprès de lui ses études arabiques avec une application extraordinaire, car il s'imposait le principe de réciter par coeur tout livre avant d'apprendre à le commenter, fut-il en vers ou en prose. Pendant cette période, il noua des relations avec Khali Madiakhaté Kala, un grand poète sénégalais d'expression arabe, sous forme de joute littéraire. Par ailleurs il fit connaissance avec d'autres arabisants maures, tel Mohammed ben Mohammed Al Karim qui lui apprit la logique.
Il entra également en contact avec d'autres savants musulmans tant maures que sénégalais, comme Abdou Lahi Tamaklavi, Hadji Diamé, etc... En 1878, Lat Dior s'étant installé à Souguère, le père du Cheikh fonda Sally y resta jusqu'à sa mort en 1883 et il fut depuis sa première jeunesse un exemple légendaire de dévotion, d'intelligence et d'assuidité dans les études au point qu'il a écrit sur presque toutes les matières de la littérature arabe, alors qu'il avait à peine vingt (20) ans, tels : les Présents du Très Saint; Adoucisseur des Coeurs; la Perle Précieuse; Attraction des Jeunes etc........
DIEU M’A ACCORDÉ DES PRIVILLÉGES QU’IL N’A JAMAIS ACCORDÉS ET QU’IL N’ACCORDERA JAMAIS A UN AUTRE.
Serigne TOUBA
SUR LE CHEMIN DE L’EXIL
Après la prière du matin récitant le CORAN et louant le Meilleur des hommes, son Intercesseur et Maître : le Prophète MOUHAMMAD (PSL), Khadimou Rassoul reprit la direction de Ndar.
La seconde journée passée à COKI est sanctionnée par cette note tirée entre autres de son carnet de voyage : "J’ai senti ce jour le besoin de versifier les noms de ceux de BADR (sur eux l’agrément de celui qui grâce à eux m’a préservé de toute traîtrise) et de prier sur notre Seigneur et Maître MOUHAMMAD".
Dans le poème tiré "ASSIROU MAAL ABRAARI" ou ma compagnie avec ceux de BADR (les compagnons du Prophète), il devait révéler être accompagné en permanence par cette suite illustre et puissante dont il avait convoité auprès du Prophète leur intégration. D’où la portée des vers esquissés à la troisième escale vers St Louis : "Je quittais cette localité (Coki) bénie, dans la nuit, accompagné d’une foule de créatures et ce fut comme si je marchais seul sans associé : Nous arrivâmes peu avant l’aube dans le cercle de Louga….".
Après la prière de Tisbar effectuée à la gare de ce bourg d’alors, Serigne TOUBA prit le train pour la capitale coloniale et cessait de composer des louanges adressées à DIEU et à son Envoyé (PSL). "Je descendis du train peu avant la prière du Maghreb, et fut interné dans une résidence par l’oppresseur. J’ai passé dans cette résidence le reste du mois de Safar et le mois de Rabiul Awwal sur l’ordre de celui sur qui on s’appuie et auprès de qui on trouve assistance. Les deux derniers jours de ce mois Jeudi et Vendredi et durant tous ces deux mois le POURVOYEUR m’a octroyé des dons choisis et réunis en mon intention".
Et Serigne TOUBA de marquer ce sombre tournant en ces termes : "J’ai subi dans cette île au cours de cette période des sévices que je n’évoquerai jamais par courtoisie à l’endroit du plus DIGNE de RECONNAISSANCE (DIEU)…Lui qui m’a dispensé de recourir aux armes contre l’assassin"
Le 5 septembre, Cheikh Ahmadou BAMBA comparaît au palais du gouverneur général qui avait réuni le conseil privé afin de statuer sur son sort. A l’époque, évidemment la hargne anti-islamique du colonisateur avait atténué l’engouement religieux et relégué en pratique clandestine tout acte de dévotion dont les cinq prières obligatoires. Serigne TOUBA qui fulminait quant à lui dans une piété ininterrompue fît un scandale légendaire en s’adonnant dès son arrivée dans la grande salle à l’accomplissement de deux rakkas. Un comportement qui heurta au plus haut point les membres du conseil privé voyant en cette démarche une déclaration d’hostilité. Ainsi, ce sera par procès verbal n°1 délibération n°16, qu’il fut décidé de sa déportation au Gabon.
La condamnation exécutée sans délai et Khadimou Rassoul fut transféré par le train pour Dakar qu’il quitta le 21 septembre de la même année vers le Gabon par voie maritime. Toujours selon son propre carnet d’exil : "Et c’est après que je fus transféré de cette île vers une autre (Mayumba) où n’existait personne qui éprouvait le besoin pour l’au-delà. Après avoir accédé à cette île, j’y ai souffert et mené le combat contre mon âme charnelle et les illusions terrestres".
Et Serigne TOUBA de poursuivre "Je me suis entretenu avec Dieu (qu’il est Exalté et Sublime) durant ces années à travers des écrits qu’il n’est pas permis et ne sera jamais de divulguer car ils constituent des secrets profonds de DIEU qui ne cessent d’être confirmés".
DIEU SEUL A INSPIRÉ LE DESSEIN DE MON INTERNEMENT DANS LE CŒUR DE CEUX QUI FURENT LES INSTIGATEURS DE L’EXIL LOINTAIN A DES HORIZONS OU J’AI OBTENU DES PRIVILEGES AU-DESSUS DE LA SONDE DE TOUTE INVESTIGATION.